Résumé
Souvent, nous truffons notre langue d’expressions métaphoriques dont les mots
n’ont, avec ce qu’elles expriment, qu’un lointain rapport. Leur sens nous paraît
néanmoins évident.
Prenons quelques exemples pour illustrer ce propos quelque peu rébarbatif.
«Arriver ventre a terre». Sur les lieux d’un incendie, qui a jamais vu, arriver, sur le
ventre, une escouade de pompiers, prêts a braver leur vie et a courir le risque de
rayer les jolis boutons dorés ornant leur veste de cuir noir?
«Courir comme un dératé». Qui d’entre nous a participé ou assisté a un marathon
couru par des athle tes dont d’ingénieux chirurgiens avaient préalablement, pour
de tre s bonnes raisons, sans doute, prélevé la rate?
«Avoir la puce a l’oreille». À quelle fréquence le paroissien lambda voit-il, calmement
posée sur l’oreille d’un confesseur
vétilleux, une puce aux allures inquisitrices?
Faut-il en conclure de ceci que l’usage de la métaphore alte re le sens des mots?
On peut le penser.
Et, au risque de paraître téméraire, je suggère que l’inverse est également vrai.
Le sens des mots altère la métaphore.
Comme tout un chacun, Raymond Côme subit les effets pervers de cette
importante et subtile question sémantique mais, a l’encontre des nombreux
philologues qui s’y sont cassé les dents, il nous apporte, avec humour et talent,
des réponses simples et ludiques.
Ses dessins amusent et rame nent, sans ambigüité, au sens des mots.
Grâce lui soit donc rendue de nous ramener aux vraies valeurs.
Claude Nyssen